Vivre avec la bombe et Oppenheimer, l'homme et le film

À l'approche du 40e anniversaire de l'utilisation de la bombe atomique contre le Japon, au milieu des années 80, j'ai entamé une conversation sur les armes nucléaires avec mon père au déjeuner.

Après tout, mon père se baladait dans un petit bateau au large des côtes japonaises lorsque Fat Man et Little Boy, les surnoms donnés aux toutes nouvelles armes, ont été largués. Il était un homme-grenouille en tant que membre des UDT, l'ancêtre des Navy SEAL, pendant la Seconde Guerre mondiale.

Pendant que nous mangions, j'étais plein de questions rhétoriques. Pourquoi Robert Oppenheimer, le chef du projet Manhattan qui a construit les bombes, n'a-t-il pas fait venir des diplomates japonais ou de gros bonnets militaires lorsqu'ils ont fait exploser l'explosion test à White Sands, au Nouveau-Mexique ? Vous savez, montrer à l'ennemi ce qui allait se passer si les combats ne cessaient pas. Ou peut-être que les États-Unis auraient pu épargner la ville d’Hiroshima en laissant tomber Little Boy dans une zone dégagée, et non au centre de la ville, pour montrer leur puissance ? Et Oppenheimer s'est-il rendu compte qu'il avait laissé le génie nucléaire sortir de la bouteille ?

Mon père, qui était resté silencieux pendant que je réfléchissais à voix haute, m'a dit : « As-tu fini maintenant ?

J'ai hoché la tête oui.

Puis il a dit : « Vous êtes libre de penser ce que vous voulez à propos de la bombe, mais votre petit... ne serait pas assis ici s'ils ne les avaient pas lâchés. Nous recherchions le meilleur endroit pour lancer une invasion à grande échelle du Japon. J'aurais été l'un des premiers sur la plage et j'aurais probablement été tué. Lorsque mon équipe de l'UDT a appris la capitulation japonaise, c'était comme si j'étais attaché à une chaise électrique et le gouverneur m'a appelé avec une grâce complète quelques secondes avant que l'interrupteur ne soit actionné.

Sur ce, il repoussa sa chaise de la table et débarrassa son assiette. Je ne lui ai plus jamais posé de questions sur The Bomb.

Connexions à Tallahassee :« Oppenheimer » et le projet Manhattan racontés par un professeur de la FSU qui était présent

Pour fabriquer les bombes en utilisant une petite ville de scientifiques, Oppenheimer a repris une école réservée aux garçons au sommet d'une mesa isolée dans un endroit appelé Los Alamos, à près de 35 miles au nord de Santa Fe. Ma femme, Amy, et moi avons visité la ville autrefois secrète, qui abrite toujours un laboratoire nucléaire, au début des années 2000. J’ai su que j’avais trouvé Los Alamos lorsque j’ai vu un panneau indiquant : « Pas de camions qui explosent au-delà de ce point ».

Nous avons passé la nuit hors de la mesa, dans la petite ville d'Ojo Caliente, qui se traduit par Hot Eye en anglais. Pour le dîner, nous avons mangé dans un restaurant appelé Pi. Oui, Pi a servi une tarte en dessert.

Le restaurant confortable était animé. Tout le monde connaissait tout le monde. C'était comme être à Mayberry. Amy et moi étions les étrangers. Nous sommes rapidement devenus le centre d’attention. D'où venions-nous ? Pourquoi étions-nous dans les profondeurs du Nouveau-Mexique ? Wow, comment avons-nous connu Oppie et ce qu'il a fait ?

Il s’avère que la plupart des clients de Pi cette nuit-là étaient des physiciens nucléaires ou des physiciens nucléaires à la retraite de Los Alamos, à proximité. Un récent retraité m'a dit qu'il avait reçu plus de radiations pour son traitement contre le cancer de la prostate que pendant ses quelque 20 années passées au laboratoire nucléaire.

"J'ai subi des tests de radiothérapie tous les jours et je n'ai jamais eu de problème", a-t-il déclaré. «J'ai déclenché tous les détecteurs et alarmes après le traitement.»

De nos jours, Los Alamos est l’une des villes les plus riches du pays. Les salaires sont élevés. Los Alamos possède la plus forte concentration de travailleurs titulaires d'un doctorat aux États-Unis. degrés.

Apparemment, il y a de l’argent à gagner grâce à l’annihilation nucléaire.

Le biographe Kai Bird est venu au festival Word of South à Tallahassee l'année dernière. Il est le co-auteur du livre lauréat du prix Pulitzer « American Prometheus : The Triumph and Tragedy of J. Robert Oppenheimer ». Bird a écrit ce livre de 721 pages avec son ami et collègue historien Martin J. Sherwin, décédé en 2021.

«Je viens de rentrer du Nouveau-Mexique où (le réalisateur) Christopher Nolan tourne le film basé sur le livre», a déclaré Bird en avril 2022. «Je pense que ça va être un bon film. J’ai même un petit rôle dans le film.

Il s'avère que Bird avait raison à propos du biopic.

"Je suis, pour le moment, abasourdi et je me remets émotionnellement de l'avoir vu", a déclaré Bird au magazine Variety en juin, un mois avant la sortie du film. "Je pense que ce sera une réussite artistique époustouflante."